Friday, January 4, 2008

Le gendre idéal


Passer Noël avec la famille de Mademoiselle Red m’a rappelé quelques souvenirs d’autres moments passés en compagnie d’autres parents.
Et, sans le moindre doute, les irlandais sont mes préférés.

Les anglais (Le Blairisme pour les nuls)

C’était une famille d’intellectuels assez aisés. Des profs de fac qui possédaient une maison dans le sud de la France où je suis allé les rejoindre une semaine un été.
C’était des gens brillants qui avaient un avis sur tout. De bons travaillistes qui avaient toujours pensé pour les masses populaires en sirotant leur Pimm’s.
On m’a bien reçu – sinon sans une certaine condescendance – jusqu’au jour où le fils aîné est arrivé accompagné d’un de ses camarades d’Oxford. Toute la famille était fascinée par ce jeune aristocrate qui arrivait tout juste du Zanzibar parce qu’il « trouvait le nom amusant ». Le nom de son père apparaissait dans le Guardian de manière quasi quotidienne et d’un seul coup on m’a traité comme un domestique.
Je me souviens avoir pensé à l’époque que c’était drôle que des gens si brillants avec des idées aussi belles puissent tomber dans ce genre de panneau.
Puis c’est toute l’Angleterre qui y est tombée.

Les français (Desperate Housewife)

Le père avait bien réussi et il n’était que rarement à la maison. La mère était une femme encore attirante et qui avait dû être une très jolie jeune fille. Elle en avait profité pour se trouver un très beau et très ambitieux mari.
Elle s’ennuyait fermement et multiplier les activités : tennis – j’ai joué quelques fois avec elle et elle était redoutable – gym, shopping, cuisine,…
Elle avait aussi une autre fille plus jeune, qui lui ressemblait beaucoup et leur relation était pour le moins tumultueuse. Je n’oublierai jamais leurs disputes, leurs hurlements, le bruit des gifles qu’elles se donnaient – la fille ne se laissait pas faire -, le sang qui coulait de leur nez. Tout comme je n’oublierai jamais que tout s’arrêtait comme par enchantement au retour du père.
Alors nous pouvions manger tranquillement, comme une famille heureuse et unie.

Les italiens (Mafia Blues)

C’était un voyage scolaire donc techniquement ils ne savaient pas que j’étais avec leur fille. Mais en fait si, ils savaient. Je me souviens qu’ils fumaient comme du saumon, qu’ils n’arrêtaient pas de parler, qu’ils adoraient la France, qu’ils me faisaient manger toutes les deux heures.
Un soir que nous rentrions du restaurant, le père a entendu un bruit dans le jardin et a filé immédiatement dans son bureau pour y chercher un fusil. Quelques temps auparavant, une bande d’hommes encagoulés avait tenté de kidnapper leur fille sur une route déserte. Ils avaient échappé à l’embuscade en renversant un des types. Depuis ce soir là, ils vivaient dans la peur constante que la mafia enlève leur fille.
Nous avons passé un moment étrange, dans un silence total, le père la carabine à la main, en attendant l’arrivée de la police.
Je ne crois pas avoir fermé l’œil plus de 5 minutes pour le reste de mon séjour chez eux.


Les américains (Devine qui vient diner)

C’était à Noël. Le père était parti depuis longtemps déjà, abandonnant sa femme et ses deux filles. Comme elle ne voulait pas que ses enfants grandissent dans un ghetto, elle avait pris sa voiture et s’était arrêtée dans cette ville du Sud. Elle était retournée à la fac, s’était construite une carrière. C’était une femme très fière avec une très forte personnalité. Pour la première fois de ma vie, la couleur de ma peau devenait importante. Je suis blanc et on aurait préféré que je ne le sois pas. C’est que, petite, cette femme n’avait pas eu le droit de jouer avec les blancs. Elle avait du pisser dans d’autres toilettes, boire à d’autres fontaines. Et quand elle a emménagé dans son nouveau quartier, les voisins ont commencé à vendre leur maison, de peur que d’autres noirs suivent.
C’était un bon Noël pourtant. C’est-à-dire jusqu’à ce que la deuxième fille - celle qui ratait tout, celle qui ne pouvait pas garder un travail ou un copain, telle qu’on me l’avait décrite - , arrive avec sa copine. Personne ne savait qu’elle était homo. La mère a fait comme si elle n’avait pas compris et nous avons continué notre repas comme si rien ne s’était passé. Mais ce diner restera dans ma mémoire comme l'un des moments les plus tendus de ma vie.
Encore que, ça aurait pu être pire, la copine aurait pu être blanche.

3 comments:

Anonymous said...

j'ai reconnu toutes tes belles-familles, sauf celle d'italie où tu ne nous avais rien dit. C'est vrai que tu as fait fort, mais tu as oublié les R. !

The Major said...

Oh je ne les ai pas oubliés mais je n'ai pas trouvé un moment particulier qui soit un peu spécial. Et puis je crois que je me serais un peu acharné...

Anonymous said...

c'est vrai que c'était plutôt plat, je parle côté parents bien sur!! quoique je me souvienne que tunous faisais bien rire avec la grand-mère